Bonjour !
Vous connaissez le JPM Coin ? C’est la crypto-monnaie de JPMorgan Chase&Co, qui transfert chaque jour “$1Mds via JPM Coin pour un certain nombre de grandes entreprises”, déclare le responsable mondial des paiements de JPMorgan à Bloomberg. Cette monnaie représente une pièce numérique équivalente au dollars et permet à la banque de faciliter et d’accélérer les transactions de ses clients.
Entre stabilisation des taux directeurs sur fond de guerre entre Israël et le Hamas, restructuration financière du groupe de distribution Casino et poursuite du procès du fondateur de FTX Sam Bankman-Fried, la semaine dernière a été très mouvementée.
SOMMAIRE :
Headlines de la semaine
LBO Paper n°1 : Acquisition d’une société de distribution.
Comprendre le Quantitative Easing.
🗓️ LES NEWS DE LA SEMAINE
Le procès de l’ex-président de FTX, Sam Bankman-Fried (SBF), se poursuit. Accusé de fraude, blanchiment d’argent et de violation des lois sur le financement des campagnes électorales, SBF risque jusqu’à 100 ans de prison. Bien que de multiples révélations de ses ex-associés semblent aller dans le sens de sa culpabilité, SBF poursuit sa ligne de défense : la totale innocence. Son argumentaire repose sur la présence d’avocats lors de ses décisions stratégiques, ce qui prouverait sa bonne foi et son désir de faire “dans les règles”. L’une des révélations les plus marquantes est que sa société de trading Alemana Research avait bénéficié d’une ligne de crédit illimitée provenant de FTX grâce à une porte dérobée dans le logiciel comptable de la plateforme.
Après plus d’un an de hausse des taux, la BCE a annoncé ce jeudi 26 octobre stabiliser ses taux. Face au recul de l’inflation que connaît la zone euro (5,2% en août à 4,3% en septembre), Christine Lagarde, présidente de la BCE, explique que la pause du resserrement monétaire permettrait de mieux cerner les conséquences des tensions entre Israël et le Hamas qui font craindre une augmentation des prix du pétrole et de l’énergie. Bien que l’inflation reste toujours très au-dessus de l’objectif des 2%, il est totalement “prématuré” de parler de baisse des taux directeurs pour le moment, prévient Christine Lagarde.
Le distributeur Casino annonce sa restructuration financière avec l’ouverture d’un plan de sauvegarde accélérée, concernant “uniquement ses dettes financières” et sans “aucune incidence sur les relations du groupe avec ses partenaires opérationnels”. Très affaibli par de mauvais résultats commerciaux et la hausse des taux, le groupe prévoit convertir 4,9Mds d’euros de dettes en capital. La situation s’améliore cependant d’un point de vue liquidité : la trésorerie de groupe atteint 1,3Mds d’euros grâce à la vente de 70 magasins, de quoi tenir selon le groupe jusqu’à l’augmentation de capital.
📊 ANALYSE
LBO Paper n°1 : Acquisition d’une société de distribution.
Mise en situation : Un fonds d’investissement décide d’acquérir la société de distribution ABC via un LBO pour un multiple de 5x l’EBITDA de 2023. Quelle est la valeur de l’Equity en sortie de capital après 5 ans d’activité ?
Endettement : Ce financement est réalisé à 3x l’EBITDA par un prêt bancaire à 5% et le reste sur le marché obligataire à 10%, le tout en remboursement in-fine. La sortie est iso-multiple.
Données : La société ABC réalise un CA de 400M€ en 2023, avec une marge d’EBITDA estimée à 50% et qui restera stable sur les 5 prochaines années. Le CA va augmenter de 20% par an sur les 10 prochaines années. D’un point de vue investissements et flux de trésorerie, les CapEx représentent 10% du CA chaque année et le BFR augmente de 10M€ chaque année également. Les dotations aux amortissements sont équivalentes aux CapEx et le taux d’imposition est fixé à 35%.
Il faut tout d’abord de définir les hypothèses de notre acquisition. L’EBITDA de la société ABC en 2023 correspond à 50% de son chiffre d’affaires, soit 200M€. La valeur d’entreprise à l’achat est donc de 5x200 = 1 000M€. Son financement est réalisé à 3x l’EBITDA = 600M€ par un prêt bancaire classique, les 400M€ restant sont donc financés sur le marché obligataire. On dresse alors les tableaux suivants.
Avec les hypothèses du modèle, les intérêts valent donc sur les 2 financements 70M€. On peut toujours dresser le tableau des sources/utilisations pour clarifier le schéma d’endettement.
Maintenant que nous y voyons plus clair quant au financement de l’acquisition, il faut projeter les différents résultats sur une période de 5 ans. Ce travail nous permettra par la suite de calculer les Free Cash-Flow (FCF) facilement, qui sont la clé du calcul de la dette de la société. Nous calculons donc successivement l’EBITDA, l’EBIT ainsi que l’EBT en suivant les données. Il n’y a rien de très technique dans cette étape, et le nom des résultats permet même de retenir les calculs simplement : EBITDA puis EBIT = EBITDA - D&A puis enfin EBT = EBIT - Intérêts.
Nous pouvons donc désormais déterminer les FCF. Leur calcul est donné par la formule suivante : FCF = EBT + D&A – CapEx – Taxes – variation de BFR.
Ces cash-flow seront totalement utilisés par l’entreprise pour rembourser ses dettes en sortie de capital.
Le travail est maintenant quasiment terminé ! Il reste à calculer la valeur d’entreprise en 2028 ainsi que ses dettes. La sortie étant iso-multiple, la valeur d’entreprise correspond à 5x l’EBITDA de 2028, soit 2 488 M€. L’entièreté des FCF a servi au remboursement de la dette. La dette fin 2028 vaut donc 1000 – 442 = 558M€. Pour avoir la valeur de l’Equity en sortie, il suffit de soustraite la dette à la valeur d’entreprise : c’est la formule du bridge !
L’Equity en sorti vaut donc 1 907 M€.
📚 POINT CULTURE
Comprendre le Quantitative Easing.
Pour conserver une économie en bonne santé, les banques centrales souhaitent maintenir un taux d’inflation proche de 2%. Ce taux stable permet aux entreprises de prévoir la hausse des prix et de projeter correctement leurs dépenses, d’investir et de créer de l’emploi. Pour maintenir ce taux, les banques centrales ont recours à de nombreuses politiques conventionnelles, dont par exemple la baisse des taux d’intérêts directeurs.
Face à une situation de crise telle qu’une menace de déflation, elles peuvent avoir recours à des politiques monétaires dites non conventionnelles : c’est le cas du Quantitative Easing (QE). L’idée derrière cette stratégie monétaire est d’inciter les banques commerciales à prêter davantage aux entreprises et particuliers afin de relancer l’inflation.
Les banques centrales interviennent sur les marchés secondaires (les obligations !) en créant de la monnaie pour acheter les obligations d’Etats aux banques commerciales. Cette stratégie a pour effet :
d’injecter plus de monnaie dans le système par le biais des banques commerciales qui possèdent alors plus de liquidités,
d’augmenter la demande des titres et donc d’augmenter leur prix, ce qui diminue ainsi les taux d’intérêts des banques commerciales.
Pour faire simple, les banques prêtent plus facilement, les consommateurs font plus de crédits et la consommation augmente donc !
La sur-inflation reste le fort revers de la médaille : injecter trop de liquidités dans le système peut théoriquement mener à une baisse de la valeur de la monnaie : les prix augmentent.
Face à la menace persistante du risque de déflation en 2015 par exemple, la BCE a mis en place son programme de QE pour un montant total de près de 1100 milliards d’euros, portant sur les obligations des pays et organismes européens.