Bonjour et bon début de semaine !
Numéro particulier aujourd’hui car on ne traitera qu’un très petit cas comptable : la notion de trésorerie. Vous trouverez en revanche un article complet sur le Shadow Banking, pour bien comprendre les rouages de ce système financier encore peu connu du grand public.
SOMMAIRE :
Headlines de la semaine
Un oeil sur le Shadow Banking.
L’importance de la trésorerie.
🗓️ LES NEWS DE LA SEMAINE
Malgré un carnet de commandes surchargé, Alstom est en difficulté financière et prévoit la suppression de 1500 postes et la cession d’actifs non stratégiques. À l’origine de ces difficultés : un trou de trésorerie de 1,1Mds€, imputable selon l’entreprise à une montée en cadence de sa production de trains et à des retards de livraison, ce qui a donc absorbé beaucoup de ressources financières. Face à ce trou de trésorerie et une dette très lourde cumulant plus de 3 années de marge opérationnelle, les marchés s'inquiètent et son action chute de 18%, surtout après l’annonce d’une probable augmentation de capital très dilutive pour l’actionnariat actuel.
L’énergéticien français Engie a annoncé revendre à la société GreenYellow ses parts dans la start-up Reservoir Sun. Le prix de la transaction la valorise à 250M€. Lancée conjointement par Engie et GreenYellow en 2018, la startup devrait réaliser 30M€ de CA d’ici 2024. Il faut dire que le marché de l'autoconsommation solaire (les parking équipés de panneaux solaires par exemple) est en croissance exponentielle : Reservoir Sun possédant déjà environ 20% des parts du marché, Engie souhaite s’en détacher pour faire route à part et pouvoir accélérer sur le marché.
Apple vient de lancer en France son service qui permet de transformer ses téléphones en terminaux de paiement. Les commerçants pourront donc accepter des transactions en sans contact ou par Apple Pay grâce à leur téléphone, sans frais de transaction. Cette nouvelle proposition venant des géants de la tech inquiète les banques commerciales, qui y voient une concurrence très claire. Les “big techs” s’intéressent de plus en plus au monde de la finance, et pour cause, ils centralisent déjà à la fois les services d’infrastructures (le cloud) et l’interface client, deux éléments clés dans ces opérations.
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📚 POINT CULTURE
Un oeil sur le Shadow Banking.
Le shadow banking, parfois appelé “finance de l’ombre”, pèse aujourd’hui près de 51.000 milliards de dollars, soit plus que le système bancaire traditionnel. Derrière ce nom digne d’un nouvel épisode de Star Wars se cache juste en réalité un système financier parallèle, tout aussi voire plus important que le système bancaire que l’on connaît tous.
I. Mais qu’est-ce que c’est ?
Le shadow banking, c’est lorsque les acteurs des marchés financiers comme les fonds de pensions, les hedge funds ou les banques d’investissements se mettent à faire le travail des banques de dépôts : accorder des crédits. Alors que les banques de dépôts peuvent créer de la monnaie en l’imprimant, les shadow intermédiaires eux ne font que recycler l’épargne de leurs clients ! On parle d’ailleurs aujourd’hui plutôt de Non Financial Banking Institutions (NFBI) pour les désigner.
II. Les fonctions des shadow intermédiaires.
a. Une place d’échange des dettes.
Les shadow intermédiaires permettent de financer des montants très élevés que les banques n’auraient pu financer à elles seules. Ils divisent les sommes prêtées en petits bouts de dette que l’on appelle des obligations, et qu’ils revendent sur le marché obligataire, sur lequel opèrent d’ailleurs ces mêmes NFBI. L’avantage est que ce marché possède un marché secondaire (en gros, un marché de l’occasion !), les shadow intermédiaires possèdent donc une porte de sortie si les épargnants (les clients des shadow intermédiaires qui leur confient leur argent) souhaitent récupérer leur épargne avant que les obligations ne soient remboursées : il leur suffit de vendre ces obligations sur le marché secondaire pour obtenir des liquidités.
b. Comment injecter des crédits de particuliers sur les marchés financiers.
Le ticket de caisse moyen d’un shadow intermédiaire sur le marché obligataire se situant entre 500k€ et 1M€, le particulier ne peut pas directement y faire financer son petit crédit. C’est là qu’entre en jeu la titrisation : c’est le mécanisme qui permet de vendre aux shadow intermédiaires des crédits de particuliers qui ne devraient normalement pas se trouver sur les marchés financiers.
Ce sont d’abord les banques de dépôts qui accordent les crédits aux particuliers puis qui les vendent à des banques d’investissements. Les banques d’investissements réorganisent ensuite les flux de remboursement pour créer des obligations standardisées (la titrisation) qu’elles vendent finalement aux shadow intermédiaires sur le marché obligataire. Cette pratique déplace le risque de non remboursement des banques qui ont prêté de l’argent vers les shadow intermédiaires, qui ont donc indirectement racheté les crédits des particuliers.
En quoi est-ce important ? Les banques qui supportent ainsi moins de risques peuvent donc prêter à plus de monde et favoriser le développement économique.
c. Une gestion particulière de la trésorerie : le money market.
Les shadow intermédiaires doivent conserver un certain niveau de trésorerie afin de pouvoir pallier à de nombreux risques, comme le risque d’un bank run par exemple. S’est alors développé le money market : au lieu de conserver une monnaie de paiement (du vrai argent) sur leurs comptes en banque, ils préfèrent conserver une monnaie valeur. Ils achètent donc des crédits très courts termes (entre quelques jours et quelques semaines), qui leur assurent un remboursement rapide et sûr en cas de besoins de liquidités. Les NBFI achètent donc beaucoup d’obligations d’Etats de confiance : France, Japon, Etats-Unis, ou de très grosses entreprises bien notées.
III. L’intérêt du Shadow Banking.
Lorsque les banques prêtent de l’argent, elles prennent un risque. En vendant sur les marchés financiers les crédits qu’elles ont accordés (par le biais de la titrisation), elles déplacent le risque sur ces marchés. Le risque est ainsi indirectement réparti sur l’ensemble des épargnants eux-mêmes, ce qui laisse plus de place à la banque pour prendre davantage de risques, donc de faire plus de crédits et d’imprimer plus de monnaie…etc. Le shadow banking, même s’il ne finance pas en direct les crédits et les économies, permet ainsi de décharger les banques et de permettre plus de financements de projets réels.
On pourrait également renforcer les épaules des banques en demandant aux épargnants de devenir actionnaires de ces mêmes banques, mais c’est un modèle encore très peu appliqué aujourd’hui. La question de la stabilité du système bancaire classique et du shadow banking se pose également, et à juste titre. De nombreuses crises sont dues à une mauvaise compréhension des produits financiers par ces mêmes acteurs. Pour n’en citer qu’une très célèbre : la crise des “subprimes”, qui n’étaient rien d’autre que des produits financiers titrisés issus des crédits immobiliers que les banques accordaient sans limite puisqu’elles déplaçaient leur risque sur les marchés financiers.
📊 ANALYSE
L’importance de la trésorerie.
Quoi de mieux pour faire lien avec les news de la semaine que de parler de la notion de trésorerie. Pouls financier d’une entreprise, elle représente un élément clé auquel il faut soigneusement prêter attention !
La trésorerie représente les liquidités que possède une entreprise : en gros, le cash qu’elle possède dans ses comptes. C’est un élément qui apparaît au bilan et qui fluctuera en fonction des flux de trésorerie de l’entreprise.
Les flux de trésorerie.
Un flux de trésorerie est un mouvement de cash, entrant ou sortant, opéré par une entreprise. On distingue de manière générale 3 types de flux de trésorerie :
Les operating cash-flow : le cash généré grâce à l’exploitation d’une entreprise,
Les cash-flow from investing activities : le cash généré par les activités d’investissements d’une entreprise,
Les cash-flow from financing activities : le cash nécessaire pour assurer le financement de l’entreprise.
La trésorerie permet d’assurer l’activité quotidienne d’une entreprise : acheter les matières premières, les marchandises, payer les salaires…etc. mais pas seulement ! Elle permet de piloter efficacement une entreprise en sachant quel montant il est possible d’investir, ainsi que d’acheter d’autres entreprises : vers la fin des années 80, la plupart des acquisitions se faisait directement en cash.
Attention, un surplus de trésorerie n’est pas une bonne chose pour autant ! Constater qu’une entreprise possède trop de liquidités peut être signe qu’elle a un champ d’investissement réduit et peine à trouver où investir. De plus, conserver ses liquidités sur un compte sans les investir possède un coût (à minima, le coût de l’inflation) : cela reflète donc une mauvaise gestion de cet élément de l’actif.
Intimement lié à la trésorerie, le BFR (Besoin en Fonds de Roulement) est un indicateur représentant, pour une entreprise, le besoin en financement résultant du décalage temporel entre l’encaissement des clients et le paiement des fournisseurs. L’optimisation du BFR est donc primordiale pour gérer au mieux la trésorerie, et nous auront très prochainement l’occasion de reparler de cet indicateur 🙂.