Comment valoriser l'activité d'une banque ?
Bonjour !
Vous êtes-vous déjà demandé comment sont valorisées les banques ? Moi oui, donc je vous propose aujourd’hui de comprendre ce qui fait d’elles des entités particulières à évaluer et quelles stratégies on peut adopter pour le faire.
Le gouverneur de la Banque de France en faveur des banques paneuropéennes.
Après les propos d’Emmanuel Macron en faveur des fusions transfrontalières entre nos banques européennes, c’est au tour du gouverneur de la Banque de France de monter au créneau.
Il est “plus que temps […] de jouer la taille du marché européen” selon lui, afin “d’amener notre puissance financière à hauteur de notre puissance économique”. Si l’Europe est parvenue a créer une supervision commune pour les banques sans pour autant achever son projet d’union bancaire, c’est que de nombreux obstacles réglementaires nationaux freinent les institutions.
Le gouverneur précise que créer des banques de taille supérieure permettrait d’améliorer la compétitivité européenne, afin de financer par exemple les transitions vertes et numériques.
Europe et hydrogène. TotalEnergie veut prendre le pari de l’hydrogène vert pour l’Europe. Sa coentreprise TE H2 vient d’annoncer un partenariat avec un énergéticien autrichien pour développer une giga usine à hydrogène en Tunisie, capable de produire 200.000t du gaz chaque année. Le gaz serait acheminé en Europe via une pipeline prévue d’ici 2030. Le directeur général de TE H2 explique entrer dans une phase de travaux techniques visant à estimer la faisabilité du projet d’ici à 2027/2028.
Accord Europe/Australie sur les métaux critiques. Objectif de la manœuvre ? Endiguer la domination chinoise sur l’extraction et le raffinage du lithium, du cuivre et du nickel : métaux indispensables à la tech, à la défense et à la fabrication de batteries de voitures électriques, de panneaux solaires et d’éoliennes. Cet accord réduira la dépendance européenne envers la Chine et permettra à l’Australie de développer davantage son secteur pour faire face à un concurrent qui n’hésite pas de jouer de sa domination dans les négociations géopolitiques.
Comment valoriser l’activité d’une banque ?
Pour déterminer la valeur de l’actif économique d’une entreprise (sa valeur d’entreprise), on calcule généralement la somme des flux de trésoreries actualisés qu’elle est capable de générer à l’infini : c’est la méthode par Discounted Cash-Flow (DCF).
Ces flux de trésorerie découlent de l’activité purement opérationnelle de l’entreprise, en comptant aussi ses investissements matériels. Ils sont dits “libres” car ils peuvent ensuite être utilisés pour rembourser de la dette ou verser des dividendes par exemple.
D’un point de vue purement comptable, ces flux n’incluent donc pas les charges financières et les produits financiers.
Bon très bien, et le lien avec la banque ? Le problème d’une banque, c’est que son activité opérationnelle par définition découle des produits financiers ! La méthode par DCF n’est donc pas adaptée pour déterminer sa valeur intrinsèque.
L’activité opérationnelle bancaire. Les revenus d’une banque proviennent principalement des crédits qu’elle accorde et des dépôts de ses clients. De plus, les dépôts non utilisés pour financer des crédits sont placés sur les marchés obligataires, et certains crédits sont aussi refinancés par endettement de la banque elle-même. On pourrait dire vulgairement que le résultat de l’activité d’une banque correspond à la différence entre les intérêts qu’elle touche des crédits et des placements obligataires avec les intérêts qu’elle paie pour ses refinancements.
Le soucis des contraintes réglementaires. Outre leur activité différente, la solvabilité des banques est aussi suivie de très près et doit respecter de nombreux ratios. On s’intéresse principalement à leurs fonds propres, notamment les CET1 : common equity tier 1. Leur importance conduit les analystes à les inclure dans leur méthode de valorisation : la méthode par actualisation des dividendes futurs (Dividend Discount Model). Ce qu’on appelle ici dividende, c’est l’excédent de ces fonds propres CET1 par rapport aux ratios de solvabilités attendus par la réglementation.
Le CET1 d’une banque qui a des engagements pour 1000 et qui a un objectif de ratio CET1 de 10%, devra atteindre 100. Si son CET1 vaut 120, la banque affichera un excédent de CET1 de 20 et pourra alors le distribuer aux actionnaires.
Pour parler français : une banque doit atteindre un certain niveaux de fonds propres, si elle en a plus, elle peut les distribuer, tout simplement ! Grossièrement, c’est ce surplus à l’infini que l’on va actualiser et sommer pour obtenir sa valeur intrinsèque.
Il “suffit” donc de disposer d’un plan d’affaires réaliste des activités de la banque et d’actualiser, à perpétuité, les dividendes en surplus qu’elle peut verser. Cette méthode correspond mieux à l’activité des institutions financières et permet même de prendre en considération dans leurs valorisations les contraintes règlementaires !
✴ Pour aller plus loin : pourquoi les banques européennes sont boudées des marchés et sous-valorisées par les investisseurs par rapport à leur valeur réelle (l’AGEFI).
Aimez-vous votre ville ? Si l’envie vous prend de tout quitter et de partir, on vous propose la liste des villes les plus “vivables” du monde en 2023.
Il est bien difficile de chiffrer l’impact qu’aura l’intelligence artificielle sur notre économie. Un économiste du MIT s’y est essayé, et l’IA serait moins impactante que ce que l’on pourrait croire !