Bonjour !
Soyons honnêtes, quoi de mieux pour commencer la semaine que de trouver une lettre à en-tête tricolore dans sa boîte aux lettres en allant chercher son courrier ? C’est ce qui est arrivé à Microsoft qui a reçu une lettre plutôt salée du redouté fisc américain la semaine dernière.
Après un bref résumé des péripéties financières et économiques de la semaine, nous nous intéresserons aux comptes de la marque Ferrari avant de détailler l’histoire de BlackRock et de son fondateur : Larry Fink.
SOMMAIRE :
Headlines de la semaine.
Analyse de Ferrari, la marque au cheval cabré.
BlackRock, l’histoire d’un géant de l’ombre.
🗓️ LES NEWS DE LA SEMAINE
Microsoft en redressement fiscal de $29Mds : L’IRS (Internal Revenue Service) reproche à l’entreprise d’avoir enregistré de forts bénéfices dans des paradis fiscaux. Microsoft compte contester cette décision et se dit prête à entrer dans des procédures légales longues si aucun accord n’est trouvé avec l’organisme. Cette somme record reste tout de fois à mettre en parallèle avec les bénéfices monstres de la société, valorisée $2,46Mds et qui réalise un profit de 70 milliards de dollars.
Après des bénéfices records en 2022 de $57Mds, ExxonMobil confirme sa stratégie pétrolière avec l’absorption de Pioneer Natural Resources, producteur de pétrole et de gaz de schiste, pour un montant de $59,5Mds. La major américaine entend augmenter sa production dans le bassin permien (site le plus producteur de gaz à effet de serre au monde) et vise jusqu’à « environ 2 millions » de barils équivalent pétrole par jour en 2027. Darren Woods, PDG du groupe, indique que cette union permettra aux deux sociétés de générer plus de valeur que ce qu’elles auraient pu faire de manière autonome.
C’est après d’âpres négociations que les députés et sénateurs ont trouvé un accord sur un projet de loi “inédit” qui permettra à la France de se positionner comme “futur leader européen de l’industrie verte”, se félicite M. Bruno Le Maire. Le texte a pour objectif de diviser par deux le délai moyen pour obtenir une ouverture d’usine, tout en garantissant aux communes leur droit de véto.
📊 ANALYSE
Ferrari, la marque au “cavallino rampante”
M. Enzo Ferrari fonde la société Ferrari S.p.A en 1947. Aujourd’hui célèbre constructeur automobile, l’histoire de la marque au “cheval cabré” est fortement liée aux sports automobiles. Bien loin d’un circuit, nous nous proposons dans ce numéro d’analyser non pas les qualités automobiles de Ferrari mais bien ses performances financières.
Introduite à la bourse de New-York en 2015 et affichant une capitalisation de $39Mds, Ferrari compte comme actionnaire majoritaire (après son capital flottant) la société d’investissement Nexor N.V, suivie par M. Piero Ferrari et le fonds BlackRock Inc. Anciennement président d’un groupe de STMicroelectronics, c’est M. Benedetto Vigna qui est en aujourd’hui le directeur général.
La société se divise en trois pôles d’activité principaux qui sont :
la construction et la vente de véhicules de luxe (85% du CA),
la fabrication et la vente de moteurs (3,1% du CA),
des activités de sponsoring et prestations de services financiers (11,7% du CA).
D’un point de vue géographie du marché, plus de la moitié du CA de la marque est générée sur le marché Europe-Moyen-Orient-Afrique et les États-Unis.
Comme anticipé par le groupe, le CA de Ferrari grimpe de 19% en 2022 pour atteindre près de 5,07 milliards d’euros et ainsi générer un bénéfice net “record” de 12,7% selon un communiqué de ce début d’année.
Comparativement à l’un de ses grands concurrents, la société Porsche AG, la marque aux voitures rouges affiche un chiffre d’affaires bien faible : 37 milliards d’euros de CA du côté de Porsche en 2022, soit plus de 7 fois celui généré par Ferrari. Cela dit Ferrari dégage une marge opérationnelle moyenne de 25% sur ces 5 dernières années, résultat bien meilleur que son concurrent qui atteint difficilement les 18%, et signe d’une très bonne santé de son processus d’exploitation.
Le ratio d’endettement de Ferrari S.p.A poursuit sa diminution, alors que ses dettes à long terme représentent aujourd’hui un peu plus de 3 années de bénéfice. Le groupe a cependant besoin de beaucoup de capitaux pour soutenir son activité, effectivement son ratio sortie de capitaux / résultat net moyen sur 5 ans est de 81%.
Remarquons également que la faible autonomie financière du groupe (34%) illustre également son besoin d’endettement extérieur pour financer ses activités. Ce besoin de financement semble cela dit en accord avec la stratégie du groupe, qui vise une augmentation de 30% de son chiffre d’affaires à horizon 2026, notamment par l’augmentation de leur production de leur gamme de voitures 100% électriques.
D’un point de vue rentabilité et plus précisément rentabilité des capitaux propres, Ferrari sur-performe là encore ses concurrents avec un RoE moyen de 39%, contre 27% chez Porsche AG par exemple.
Avec Ferrari, nous avons donc globalement affaire à une société en expansion qui souhaite gagner des parts de marché en augmentant sa production. Cette motivation se traduit alors par un fort endettement venant soutenir les besoins grandissants de l’entreprise. C’est bel et bien grâce à cette nuance que nous pouvons conclure quant à la bonne santé financière du groupe, qui est finalement loin d’être en manque de financements pour soutenir son activité régulière et souhaite juste la développer.
📚 POINT CULTURE
BlackRock, l’histoire d’un géant de l’ombre.
Si je vous demande le point commun entre Apple, Google, Facebook, Disney, Netflix, les big pharmas ou encore les plus gros médias américains, vous ne penseriez sûrement pas à leur actionnariat. Et pourtant, la société d’investissements BlackRock est présente au capital de chacune de ces géantes.
Fondée en 1998 par Larry Fink, BlackRock gère aujourd’hui près de 10.000Mds d’euros d’actifs et 10% de l’ensemble des transactions mondiales, ce qui en fait le 3ème plus gros PIB derrière les États-Unis et la Chine.
Larry Fink, l’homme derrière BlackRock.
Né d’une famille aisé dans les années 50 à Los Angeles, Larry Fink étudie le droit et les sciences politiques à UCLA mais est recruté en sortie d’études dans une banque d’investissement : First Boston. Très rapidement qualifié de “prodige” de la finance, il participe notamment au développement des créances titrisées (les subprimes) et est élu plus jeune PDG du groupe à seulement 29 ans. Pourtant, en 1986, la banque perd en quelques mois près de $100M à cause de sa politique d’investissement trop risquée. Il quitte alors la direction de First Boston.
Loin de voir cet épisode comme un échec, Larry Fink décide de créer sa propre entreprise avec d’autres membres de Kappa Beta Phi, une société secrète new-yorkaise qu’il avait intégrée en arrivant dans la Big Apple : c’est la naissance de BlackRock. En seulement 5 ans, la société est valorisée à $8Mds.
La prise de pouvoir progressive de BlackRock.
En plus de son activité d’investissement, BlackRock propose une plateforme de gestion d’actifs qui prédit les fluctuations du marché financier : l’intelligence artificielle “Aladin”. Grâce à cet outil, BlackRock a pu prendre part dans toutes les entreprises qui l’utilisent. Aujourd’hui, Aladin gère plus de $20.000Mds d’actifs, l’équivalent du PIB américain. BlackRock est également réputée pour sa gamme d’ETF, populaires pour leur facilité d’utilisation, leur liquidité et leur faible coût.
En 2008 se présente une opportunité dorée pour Larry Fink : la crise des subprimes. Par sa connaissance des créances titrisées et son accent mis sur la gestion des actifs de BlackRock, Larry Fink a su anticiper et maîtriser le krach. Plus encore, il a permis à sa société d’obtenir la gestion des actifs des banques qui se sont effondrées. Grâce à cette crise, BlackRock gagne ainsi encore plus d’influence sur les marchés et atteint le sommet de l’économie.
Le risque d’un colosse surpuissant.
En Août 2020, elle devient même la première entreprise étrangère à pouvoir investir dans les entreprises chinoises, ce qui pose également le souci de financement douteux de régimes autoritaires ou d’entreprises immorales.
Cela dit, Larry Fink se montre d’une aide importante lors des différentes crises et sommets économiques et politiques. Il a notamment aidé Emmanuel Macron sur le sujet de la réforme des retraites et du plan économique à adopter ou encore Volodymyr Zelensky.
De par son envergure et sa présence dans de nombreux secteurs, BlackRock exerce une influence considérable sur l’économie mondiale, les politiques publiques et les marchés. Le risque systémique est donc bien présent : effectivement, en cas de crise, BlackRock risquerait d’entraîner tout le monde avec elle. Cette puissance n’est donc pas sans susciter des débats et des controverses et la question reste de savoir de quelle main dirige-t-elle le monde.