Bonjour !
On parle d’un joli sujet aujourd’hui : la théorie des jeux et la finance. Mais rassurez-vous, rien de trop mathématiques ! On vous explique un concept élégant simplement: comment résoudre le problème des paniques bancaires.
JPMorgan augmente drastiquement ses bénéfices grâce à la hausse des frais bancaires.
La banque américaine a enregistré une augmentation de ses bénéfices atteignant 18 milliards de dollars, soit 6,12 dollars par action, contre 4,75 dollars par action un an auparavant. Cette hausse est principalement due à un gain comptable de 8 milliards de dollars issu d'un accord d'échange d'actions avec Visa et à une augmentation des frais bancaires d'investissement.
Les activités de levée de capitaux sur les marchés financiers ainsi que les commissions liées aux fusions et acquisitions ont également contribué à cette croissance, avec une augmentation de 50 % des honoraires de la banque d'investissement, dépassant largement les prévisions initiales de 25 à 30 %.
Déficit : la France sous la pression de l’UE. La France doit réduire ses dépenses de 25 milliards d'euros cette année pour maîtriser ses déficits, avec une dette dépassant 110 % du PIB et un déficit de 5,5 % l'an dernier.
L'UE exige maintenant un retour à une gestion budgétaire stricte. Les incertitudes sont accrues par le récent scrutin législatif, où aucun parti n'a obtenu de majorité absolue, et l'alliance de gauche NUPES propose des mesures pouvant aggraver les déficits. Malgré les défis, Bruno Le Maire promet de ramener le déficit en dessous de 3 % d'ici 2027.
BlackRock dépense 3.2mds d’euros cash pour acquérir Perqin, un fournisseur britannique de données spécialisé dans le capital-risque et les hedge funds. Conseillée par Barclays, cette transaction représente 13 fois le chiffre d'affaires estimé de Preqin pour 2024. Ce rachat permettra à BlackRock de renforcer son expertise sur les actifs non cotés, d'augmenter son savoir-faire technologique et d'élargir sa base de clientèle en ajoutant plus de 4 000 clients.
sources : ParlonsFinance, Les Échos, TheFinancialTimes
Une application simple de la théorie des jeux en finance : la panique bancaire.
S’il y a quelqu’un qui a fait l’effroi des paniques bancaire, c’est bien Sam Bankman Fried, l’ex-PDG de FTX ! Cette expression désigne une situation où tous les clients d’une banques souhaitent retirer leur argent au même moment, la menant alors à la faillite.
En 1983, deux chercheurs (Diamond et Dybvig) se sont intéressés à cette notion et ont fait un constat très élégant : ce qui fait la raison d’être des banques est également ce qui les rend intrinsèquement fragiles… Mais trêve de blabla compliqué !
En gros, les banques collectent de l’épargne mais utilisent cette même épargne pour prêter et investir. Si ceux qui épargnent souhaitent pouvoir retirer à tout moment pour consommer, ceux qui empruntent ne remboursent pas immédiatement. De même, les actifs de la banque sont plus ou moins liquides.
Les banques se placent donc en position d’illiquidité : posséder assez de liquidité (du cash) pour ceux qui souhaitent retirer tout de suite, mais prêter ce même cash suffisamment longtemps pour percevoir des intérêts. Si trop de monde veut retirer, la banque n'a pas assez d’argent et doit alors vendre ses actifs rapidement, ce qui n’est pas toujours facile !
Place aux maths ! Pour mieux comprendre, Diamond et Dybvig proposent un modèle se basant sur la théorie des jeux. C’est un champ des mathématiques qui s’intéresse à comment les agents d’un groupe agissent quand leurs choix dépendent des actions des autres agents du même groupe.
Imaginons une banque classique :
Si chaque client se dit que chacun y laisse son argent, chacun va donc y laisser son argent comme tout le monde : tout se passe bien.
À contrario si un évènement économique pousse chacun à se dire que les autres vont retirer leur argent demain, chaque client a meilleur temps à aller retirer le plus tôt possible, pour être sûr de récupérer la totalité de son argent... La banque court à la faillite !
C’est ce qu’on appelle une situation à double équilibre de Nash. Un équilibre de Nash, c’est une situation dans laquelle les agents n’ont pas intérêt à dévier de leur stratégie compte tenu de l’anticipation qu’ils font du comportement des autres agents.
Et comment on règle ce problème alors ? Nos deux chercheurs ont d’abord proposés de stopper les retraits dès lors qu’un certain seuil est franchi. Malheureusement pour nos banques, cette idée nécessite de savoir exactement combien de personnes souhaitent venir retirer leur argent. Coup dur.
La deuxième solution proposée, qui a été adoptée, c’est la création d’un fonds de garantie des dépôts. L’idée est simple : créer un organisme de confiance qui va garantir à 100% les dépôts des petits déposants. De ce fait, ils sont “rassurés” malgré les évènements économiques et ne se ruent pas aux guichets : les banques évitent les paniques. Bingo. En Europe, depuis 1990, ce sont les États qui sont tenus de garantir les dépôts à hauteur de 100 000€ par déposant.
Comme un petit soucis… Malgré la beauté de leur recherche et de leur conclusion, la création d’un fonds de garantie des dépôts a également son revers de la médaille : comme les déposants sont rassurés et moins regardants à l’égard des activités de leurs banques, elles sont poussées à prendre plus de risque ! Zut…
✴ Pour aller plus loin : dans son modèle, Olivier Gossner montre que plus l’information sur la santé de la banque est dispersée, plus chaque agent agit isolément et mieux se porte la banque.
sources : travaux d’Olivier Gossner (Polytechnique), partageonsleco.com
Quoi de beau à voir cette semaine ?
Si notre petit exemple de la théorie des jeux appliqué à la finance a piqué votre curiosité, on vous suggère cet article qui décrit une autre utilisation de la théorie des jeux, cette fois-ci un peu plus complexe et appliquée aux traders et à la finance de marché !
Un accent indien, les bases de la finance d’entreprise expliquées et un contenu qualitatif, cette vidéo de 10min est parfaite.